Création d’un fanzine
Pour le @theatreorangerie_geneve - Dessin de couverture @nine_semenzato ♡︎
ZAC ET VANESSA SONT PARTI·ES EN VADROUILLE À LA RENCONTRE DES ADOS DE GENÈVE, IELS LES ONT QUESTIONNÉ·ES SUR LEUR FUTUR, LEUR ESPOIR ET COMMENT SERAIT LEUR THÉÂTRE DE RÊVE? Les fanzine sont disponibles au théâtre de l’orangerie gratuitement.
C’était une super aventure pour nous ! Grâce à la générosité des ados qu’on a rencontré·es, on a pu vous transmettre un peu de ce qu’on a échangé avec eux dans ce fanzine.
À l’origine de ce projet, on se demandait « où sont les ados ? » parce qu’on ne les trouvait pas ou peu dans nos théâtres. Aller à leur rencontres, discuter avec iels nous a rappelé qu’il n’y a pas « de jeune » ou « d’adolescent·e », il y a « des jeunes » et « des adolescent·es ».
Iels ont peut-être le même âge, mais iels ne vivent pas dans les mêmes réalités. Iels sont jeunes, mais leurs parcours sont déjà extrêmement différents les unxes des autres. « L’adolescence » ça ne forme pas un groupe social. Et d’une certaine manière, iels le savent déjà. Iels n’ont peut-être pas encore les mots pour le décrire précisément, mais cette réalité suinte dans leurs discours. Surtout pour ceux nées du côté de l’oppression. Car c’est le privilège de l’opprimé que de réaliser l’injustice de sa situation, qui fait que son voisin ne subit pas les difficultés que lui a à endurer.
Durant nos pérégrinations, nous, Zacharie et Vanessa, avons eu pas mal de temps pour partager et requestionner nos propres jeunesses. Nos vies sont très différentes. Notre rapport d’artiste, à notre milieu, aux maisons d’arts, aussi. Mais ce qui nous a réunis, c’est que nous avons trouvé dans les théâtres quelque chose d’un peu similaire. Jeunes, nous avons cherché dans ces lieux une opportunité, peut-être une légère revanche, un frisson : celui de fréquenter un lieu qui n’était pas fait pour nous. Qui criait en silence que nous n’étions pas bienvenus. Il ne faut pas oublier que le théâtre est une institution bourgeoise, un lieu dont la fréquentation nous positionne dans l’espace social; et donc un lieu qui fait peur. Car comme tout objet de culture, ses codes maîtrisés sont une marque de distinction. Il génère du savoir, donc du pouvoir. Du genre qui intimide : quand je dis « je comprends », quand toi tu ne comprends pas.
Vouloir un théâtre populaire, un théâtre qui puisse attirer et accueillir ces jeunes, dans la diversité de leurs réalités est une tension qui ne peut pas souffrir de relâchement. C’est le théâtre qui lutte contre lui-même. C’est un état à atteindre, perpétuellement, qui demande patience et attention, écoute et générosité envers ceux qui ne sont pas encore là.
Ça demande un travail réel de médiation, pas seulement pour amener les jeunes à nos scènes, mais aussi pour comprendre ce qui artistiquement nous met à distance d’eux. On ne peut pas demander à nos jeunes de s’intéresser à des objets qui n’ont pas été pensé pour eux, et qui ne les a jamais pris en compte. Notre plus grand avantage, c’est qu’iels sont pour la plupart généreuxes et accuillantxes, quand on s’adresse simplement à eux. Ou peut-être faudrait-il simplement fuir les théâtres, et aller pratiquer directement à leurs contacts, à même la rue.
Photos © @lucy_vigoureux